L'adolescence

« Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres »
Boris Cyrulnik

Ce terme est issu du latin « adulescent » qui signifie « celui qui est en train de croître ». A la différence de l’adulte donc qui lui ne grandit plus.

Le concept d’adolescence n’a pas toujours existé ; l’on passait ainsi de l’enfance à l’âge adulte. Il est une vue assez récente (19èS.) et considérée comme une phase de transitionnalité. Qui préoccupe. L’adolescence en effet, a ceci de particulier c’est qu’elle s’accompagne autant de changements physiques, physiologiques, que psychiques. Un bouleversement à tous les étages ! L’adolescence doit également s’affranchir socialement ; rompre avec la façon dont le milieu pense (et pense pour elle) pour se constituer une « peau » qui lui est propre. Il est à prendre en considération que les changements physiologiques et physiques ne sont pas forcément simultanés des changements affectifs et psychiques. L’adolescence est un processus. Pour autant, bon nombre de sociétés dites « primitives », de culture orale donc, ont toujours eu comme préoccupation cet âge particulier puisqu’il a été l’objet de rites dits « de passage ».

A l’adolescence les processus de pensée sont comme perturbés ; penser à l’adolescence est complexe et penser l’adolescence l’est également. Souvent la traversée de cette époque n’est pas sans souligner, en écho, une éventuelle crise parentale, ou crise du milieu de vie dans le couple. Quitter son enfance ne se fait pas sans péril. Il y est question pour les figures parentales d’accepter une déprise de l’enfant mais qui n’est pas totale. Il faudra arriver à rester présent sans être intrusif et accepter la liberté âprement gagnée par l’enfant, qui ne l’est plus tout à fait, et le risque qu’il trébuche, tombe, se blesse. Cette constellation adolescente soulève en chaque parent celui qu’adolescent(e) il/elle a été ; les conflits, les fourvoiements, les douleurs, les collusions aux pairs ou au contraire l’isolement, la révolte, l’éveil de l’amour dans une dimension corporelle…L’adolescent a besoin de se décoller, littéralement de se désidentifier à ce qui faisait sens (la vérité délivrée par ses parents) pour l’interroger et faire lui-même, trouver ses réponses et devenir ainsi la cause de son Désir. Tout devient objet de questionnements et de doutes, d’insécurité affective mais c’est aussi le temps des essais, des tentatives, des passages à l’acte loin du regard protecteur/à l’abris des parents. Ces derniers réagissent à ces fluctuations avec crainte et ambivalence. L’adolescence c’est être un peu funambule. Le corps mis à l’épreuve par la poussée pulsionnelle et les changements physiologiques trahissent l’adolescent qui peut ne plus se reconnaître. Le miroir intervient ici dans un questionnement, un reflet, souvent anxieux ; « Qui suis-je ? Je guette ces changements qui ne me restituent pas tout-à-fait à moi-même, je tente d’avoir une emprise sur ce qui arrive (par le sport qui sculpte, le maquillage, les essais vestimentaires, les passages à l’acte…) car je suis désarçonné(e) par ce que je deviens, ce que je ne suis plus tout-à-fait et ne suis pas encore ». L’adolescent revendique, impose sa place ou se retire. L’excès peut être de mise…L’altérité parentale peut être vécue comme attaquante, il y a là un désir que cet Autre autrefois idéalisé, puisse être malléable au point de devenir ce qui est souhaité ; nous pourrions dire désubjectivé ! Les parents ont également à se déprendre de la façon idéalisée dont ils avaient investis leur enfant. Les mouvements de désinvestissement/désidéalisation sont existants de part et d’autre ; c’est un remaniement en profondeur, nécessaire et nécessairement douloureux. Mais cette douleur n’est pas vaine, elle préfigure une reconstruction essentielle du lien. Il est primordial de tenir pour les parents, d’être patient. Patienter pour recevoir la demande d’amour déguisée sous l’agressivité, la demande d’inconditionnalité qui demeure car c’est ce dont un enfant a besoin. Patienter et recevoir l’ambivalence, l’indignation, l’injustice, la douleur, l’angoisse…Cette inconditionnalité de l’amour parental aide l’adolescent à pouvoir s’investir, se respecter, s’aimer lui-même.

La demande de consultation peut émaner de l’adolescent(e). Mais souvent un parent ou les parents ou un professeur soulève(nt) une inquiétude et imagine(nt) une consultation, un ailleurs au-delà de là où souvent « ça brûle ». En tant que parent il faudra accepter l’idée de laisser un autre qu’eux décrypter avec leur enfant ce qui l’interroge. Cette condition de confidentialité est nécessaire. L’étanchéité préserve. Le pendant est également de proposer des points avec les parents si l’adolescent(e) en éprouve le besoin ou le désir, s’il est en difficulté et qu’il souhaite médiatiser cela lors d’une consultation. Les parents s’exprimeront aussi ; c’est à cela que peuvent servir parfois les entretiens préliminaires. L’enfant se trouve toujours très intéressé, curieux du discours de ses parents à son égard.

L’adolescent apprend à devenir ce qu’il doit être ; il a besoin d’un climat sécure affectivement parlant pour y parvenir.